L'aspirine a plus de 100 ans, mais elle n'a pas fini de nous étonner.
Commercialisée en 1899 par les laboratoires allemands Bayer, elle était initialement destinée à soulager certaines douleurs, et rien de plus.
Commercialisée en 1899 par les laboratoires allemands Bayer, elle était initialement destinée à soulager certaines douleurs, et rien de plus.
Enfin, dernière surprise : l'aspirine protégerait les yeux contre la cataracte. Où s'arrêteront donc ses bienfaits ?
Le saviez-vous ?
L'aspirine est tout simplement dérivée d'une plante bien connue : le saule. Le vieil Hippocrate, dans l'Antiquité soulignait déjà ses bienfaits et il conseillait, notamment, aux femmes enceintes de mâcher du saule, pour atténuer leurs douleurs.
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Le remède ne devait pas être si mauvais, puisqu'il a traversé les âges. Au 18ème siècle, un médecin anglais découvrait une nouvelle vertu à cette plante : l'écorce de saule, selon lui, faisait tomber la fièvre...
Lentement, on s'approchait de l'aspirine. C'est un pharmacien français, M. Leroux, qui eut la riche idée d'isoler les principes actifs du saule, leur donnant le nom de « salycine ». Poursuivant ses recherches, le chimistes des laboratoires Bayer mirent enfin au point le médicament que nous connaissons tous aujourd'hui.
Nous nous en servons très régulièrement, en cas de douleur, ou pour faire tomber la fièvre, par exemple pendant une grippe. Et, longtemps, médecins et patients l'ont considérée comme un médicament anodin. Pourtant, l'aspirine ne cesse de livrer de nouveaux secrets...
Des vertus multiples
En 1968, des chercheurs ont ainsi découvert que l'aspirine inhibait la synthèse des prostaglandines, substances qui interviennent dans différentes fonctions de l'organisme.
Les prostaglandines participent notamment, à l'agrégation des plaquettes sanguines sur les parois internes des vaisseaux lésés par les plaques d'athérosclérose. Autrement dit, l'aspirine permet d'éviter l'agrégation de plaquettes sur les vaisseau sanguins, tout en fluidifiant le sang.
Alors, est-elle un remède anti-infarctus ?
Dans une certaine mesure, il semble bien que oui. Des scientifiques américains ont livré, en 1989, les résultats d'une immense enquête, menée sur plus de 20 000 patients pendant cinq ans. Sur ces 20 000 sujets, la moitié avait reçu des doses régulières, très légères, d'aspirine (environ un comprimé tous les deux jours) tandis que les autres ne recevaient qu'un faux médicament, un "placebo" …
Les résultats de cette enquête sont éloquents : chez les patients traités avec de l'aspirine, le taux d'infarctus a baissé de 40 %...
Une arme à double tranchant
Mais attention. Un médicament qui provoque de tels résultats ne peut pas être sans danger. Les plaquettes sanguines, dont l'aspirine freine la formation, sont néfastes pour le cœur, mais, en revanche, ce sont elles qui stoppent nos hémorragies, externes ou internes.
Voilà pourquoi l'aspirine peut entraîner des saignements de nez, ou des règles trop abondantes.
Plus grave : si l'enquête américaine a montré une diminution très importante des infarctus par mi les consommateur d'aspirine, elle a souligné, en revanche une légère progression des accidents cérébraux parmi ces mêmes sujets...
Cette fluidification du sang qu'entraîne l'aspirine est globalement très positive. Néanmoins, elle en fait un médicament contre-indiqué pour les hémophiles et plus généralement pour tous ceux et celles qui sont sujets à des hémorragies.
Raspoutine l'avait pressenti, dès le début du 20ème siècle. Ayant deviné que l'aspirine avait une action anticoagulante, il en avait profité pour étendre son pouvoir sur le tsar et la tsarine. En faisant interrompre le traitement à l'aspirine, ordonné imprudemment par les médEcins de la cour de Saint-Petersbourg, il avait obtenu une améliorations sensible de l'état de santé du tsarevitch Alexis, le fils hémophile de Nicolas II.
Autre défaut de l'aspirine : elle n'est pas toujours bien tolérée par le système digestif. On a même pu noter que, consommée à doses massives, elle contribuait à la formation d'ulcères.
Attention aux contre-indication
Médicament puissant, l'aspirine présente donc des contre-indication nombreuses : bénéfique pour la plupart des sujets, elle peut être néfaste pour certains (hémophiles, personnes atteintes de fragilité de l'estomac ou de troubles digestifs).
Mais, une fois donné cet avertissement, revenons aux vertus de l'aspirine.
Saviez-vous, par exemple, qu'elle était extrêmement efficace pour combattre les rhumatismes ?
Dans le cas de l'arthrose, notamment, elle soulage énormément la douleur grâce à ses vertus anti-inflammatoires.
De même, elle calme les douleurs articulaires, ainsi que les affections aussi pénibles que les lumbagos.
Elle est également prescrite dans le traitement des tendinites. Et, là encore, on sait maintenant qu'elle le doit à son action inhibitrice sur les prostaglandines ; ces substances multiples, aux fonctions variée, participent, en effet, également aux réactions inflammatoires.
En fait, on lui découvre des bienfaits inattendus et, en l'appliquant pour soigner un trouble, on s'aperçoit parfois qu'elle en prévient également un autre...
L'explication de son action anti-cataracte
Un professeur de l'université de Yale, qui administrait de l'aspirine à ses patients diabétiques atteints de rhumatismes, a découvert que ce médicament était, semble-t-il, excellent... pour les yeux !
Cette découverte est encore à mettre au conditionnel mais, selon toutes les apparences, l'aspirine retarderait l'apparition de la cataracte (ou opacification du cristallin).
Une hypothèse est même avancée pour expliquer cet effet bénéfique. L'aspirine provoquerait une dilatation des petits vaisseaux de l'oeil et empêcherait donc l'accumulation de dépôts dans le cristallin.
Autre domaine dans lequel l'aspirine a fait une entrée inattendue : celui de l'obstétrique
Certes, tous les médecins déconseillent, avec raison, aux femmes enceintes de prendre ce médicament, qui provoque des saignements et peut, en franchissant la barrière du placenta, nuire au bébé. Mais paradoxalement, l'aspirine peut, dans certains cas, sauver la mère et l'enfant. Ainsi, on le sait, la grossesse peut provoquer des poussées d'hypertension, du fait des toxines qui apparaissent dans le sang.
« Les femmes risquent alors une pré-éclampsie, qui peut se compliquer d'un oedème pulmonaire ou cérébral et aller jusqu'à l'éclampsie, c'est-à-dire jusqu'à l'apparition de convulsions éventuellement suivies de com, explique le professeur Serge Uzan, du service de gynécologie obstétrique de l'hôpital Tenon, à Paris. Les enfants, eux, risquent un retard de croissance, voire la mort in utero ».
En étudiant cette maladie redoutable, les chercheurs ont découvert que, au moment de la pré-éclampsie, de multiples caillots sanguins disséminés dans le placenta des femmes enceintes, réduisaient l'apport sanguin au fœtus.
Ils ont alors tenté d'empêcher l'apparition de ces caillots.
En même temps, un gynécologue anglais avait remarqué que les femmes consommant de l'aspirine étaient moins sujettes à l'hypertension de la grossesse que les autres. D'où l'idée de prescrire de l'aspirine aux futures mères dont la tension artérielle montait dangereusement, et qui avaient déjà perdu un enfant, pour cette raison.
La première publication de cet essai est parue début 1985 dans le journal Lancet. Depuis, une quinzaine d'autres études ont été menées chez les femmes enceintes qui avaient déjà eu des grossesses à problèmes.
Certaines d'entre elles ont eu de faibles doses d'aspirine, à partir du troisième mois (pour éviter un éventuel risque de malformation foetale), et le traitement a été interrompu dix jours avant la date prévue de l'accouchement (pour limiter les saignements). Il y a eu beaucoup moins d'accidents au cours de la grossesse de ces femmes que dans le groupe placebo, où les patientes ne recevaient qu'un médicament neutre.
Elle protégerait aussi des calculs biliaires
Enfin, dernière révélation, venue cette fois de Londres : l'aspirine réduirait les risques de récidives de calculs dans la vésicule biliaire.
Cette déclaration est à prendre avec prudence. L'étude ayant seulement montré que les « récidivistes » en consommaient jamais, ou pratiquement jamais, d'aspirine, à la différence des autres.
Faut-il alors prendre de faibles doses d'aspirine, à titre préventif, pendant des années ?
Absolument pas, sans avis médical.
D'abord l'aspirine est un vrai médicament, éventuellement responsable d'effets secondaires, plus ou moins graves.
Ensuite, il resterait encore à définir la dose utile à chacun, et ce n'est pas le plus simple.
Ainsi, pour fluidifier le sang, il suffit de doses de bébé. Néanmoins, une chose est certaine : c'est le médicament le plus surprenant que nous ayons jamais eu.
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